Je crois que depuis que je dessine et peins, depuis l’enfance, je me suis toujours amusée à reproduire des images, celle que je trouvais : cartes postales, dessus de boites de chocolat, photos… En créer de nouvelles ne m’attirait pas, et cela esquivait la question de savoir quoi représenter. Puis très vite m’intéressant à la peinture et la sculpture, j’ai consulté beaucoup de livres d’art illustrés, me formant ainsi une vraie culture visuelle spécifique. Mes choix se sont alors portés sur les images issues du champ artistique contemporain, celles qui m’étaient familières.
Dans un premier temps, les avant-gardes de la deuxième moitié du XXème siècle ont retenu mon attention, et plus spécifiquement lorsque le geste de l’artiste était théâtralisé comme performance : anthropométries d’Yves Klein, drippings de Jakson Pollock, tires de carabines de Niki de Saint Phalle, danse avec un coyote de Joseph Beuys, peintures de lumière de Pablo Picasso, jusqu’au choix comme non geste artistique avec les ready-mades de Marcel Duchamp, les œuvres conceptuelles de Joseph Kosuth. Au-delà de la quête du nouveau, ce qui m’a intéressé dans ces démarches, ce sont les paradoxes qu'elles génèrent: aussi iconoclastes qu’elles se revendiquent, elles finissent inévitablement par se soumettre au règne de l’image et aux institutions artistiques.
A compter de cette première série de peintures à l’huile que j’ai à postériori intitulée « Artistes » mon travail a continué à se développer sous la forme de séries, d’inventaires…
En parallèle d’un travail de recherche sur les citations et références à Duchamp dans les pratiques contemporaines, une deuxième série « Objets » fait le constat de l’utilisation massive de l’objet usuel chez les héritiers du ready-made.
De cet inventaire découle une nouvelle série « Pictogrammes » pour laquelle les images épurées à l’extrême deviennent des symboles. J’aimais l’idée de réduire la démarche d’un artiste, aussi complexe qu’elle puisse être, à un simple signe visuel. Dans mes intentions initiales ceux-ci devait être installé comme élément signalétique en cartel d’œuvres exposées et venir ainsi parasiter un lieu exposition.
Pour la série « Dessine moi une fleur » réalisée quelques années plus tard, j’ai voulu reproduire des images issues de la mémoire de tout un chacun. J’ai pour cela demandé à une centaine de personnes, d'âges et de conditions diverses, de me dessiner simplement une fleur. Ce qui j'aimais dans les images qui en résultaient, c’est que leur tracé graphique constituait déjà le duplicata d’une image mentale. A cette image impalpable devenue dessin que je m'approprie, je donne ensuite une matérialité autre sur la toile.
J’ai envisagé de reconduire l’opération avec un autre motif: "Dessine moi une maison" sera l'invitation faite aux visiteurs de l'exposition "Mes inventaires..." et constituera le point de départ de cette nouvelle série.... tandis que d'autres inventaires se profilent déjà...
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